L'Assurance maladie a récemment lancé une campagne de vérification des médecins traitants qui prescrivent des arrêts maladie de manière excessive. Cette initiative a été vivement critiquée par la profession médicale, qui se sent injustement ciblée et stigmatisée par le gouvernement, selon un communiqué publié jeudi 15 juin par le principal syndicat du secteur.
Les médecins généralistes font face à une nouvelle pression psychologique alors que l'Assurance maladie lance une campagne de redressement visant à contrôler la délivrance d'arrêts de travail jugés excessifs. Selon le syndicat MG France, environ 15 000 médecins traitants recevront la visite de délégués de l'Assurance maladie pour être avertis d'une pratique jugée excessive. Cette campagne, qualifiée de "brutale" par le syndicat, suscite l'indignation et le mécontentement de la profession.
Les médecins ciblés devront justifier le nombre d'arrêts délivrés et risquent une sanction pouvant atteindre 9 000 euros si la quantité de leurs prescriptions est considérée anormalement élevée par l'Assurance maladie. Cette situation génère des tensions croissantes entre les médecins généralistes et l'Assurance maladie, remettant en question l'autonomie médicale et le libre exercice de la profession.
L'indemnisation des arrêts maladie connaît une croissance rapide, avec une hausse de 7,4 % en 2022 et une moyenne de 6,6 % depuis 2019, selon l'Assurance maladie. Cette tendance s'explique par des facteurs autres que la croissance des salaires et de l'emploi. Le baromètre du cabinet Mercer révèle également une augmentation de l'absentéisme au travail, avec 48 % des salariés ayant été absents au moins une fois plus de trois jours en 2022, contre 36 % en 2021. Toutefois, la durée moyenne des arrêts a diminué ces deux dernières années, passant de 32 à 26 jours par an.
L'Assurance maladie examine la question des médecins qui prescrivent cinq à dix fois plus que la moyenne nationale, mais nie mener une campagne plus importante qu'avant. Après une pause pendant la crise sanitaire, ces contrôles reviennent simplement, ce qui pourrait expliquer la surprise des médecins, selon l'organisme.
MG France dénonce une stratégie délibérée contre les médecins traitants, utilisés comme boucs émissaires par le gouvernement en matière de dépenses de santé publique. Malgré les contraintes croissantes et les mesures coercitives, les médecins traitants subissent déjà des pressions considérables. Le ministre délégué aux Comptes publics, Gabriel Attal, a récemment alerté le Sénat sur le déficit de la Sécurité sociale, soulignant que l'explosion du nombre d'arrêts maladie prescrits l'année dernière n'était pas uniquement due à la crise sanitaire. Selon lui, le montant des indemnités journalières pourrait atteindre 23 milliards d'euros d'ici 2027, contre 14 milliards actuellement, à moins que cette tendance ne soit freinée.